S’en laver les mains Taille originale : 29,7 x 21 et 21 x 29,7 cm |
« La plupart des archéologues contemporains estiment qu’il n’existe aucune base solide pour interpréter les images préhistoriques de grosses femmes comme des déesses de la fertilité. Selon eux, cette idée serait un reliquat du mythe victorien suranné d’un “matriarcat primitif”.
Au XIXe siècle, en effet, le matriarcat était vu comme le mode d’organisation politique par défaut des sociétés néolithiques (par opposition au patriarcat tyrannique qui caractérisait la période ultérieure de l’âge du bronze). Par conséquent, on voyait des déesses dans toutes les représentations de femmes visiblement fécondes. Aujourd’hui, les spécialistes ont tendance à penser que ces figurines pourraient tout aussi bien être des équivalents de nos poupées Barbie (avec les critères de beauté féminine de l’époque) ou qu’elles remplissaient toutes sortes de fonctions (ce qui est probablement exact). Aux yeux de certains, même, la question est dénuée d’intérêt, puisque nous ne parviendrons jamais à savoir pourquoi ces populations créaient autant de représentations féminines. Nos interprétations ne peuvent donc être que des projections de nos propres idées sur la féminité, les sexes ou la fertilité, et elles n’auraient eu aucun sens pour les Anatoliens du Néolithique.
Ces discussions peuvent paraître quelque peu tatillonnes, mais, comme nous allons le voir, l’enjeu est considérable.
Déesse-mère ou poupée Barbie ? |
Ce n’est pas seulement l’idée d’un matriarcat primitif qui fait figure l’épouvantail dans le monde de la recherche aujourd’hui. Il suffit d’affirmer que les premières communautés agricoles confiaient aux femmes des responsabilités exceptionnellement importantes pour s’exposer à la censure académique. Cela ne devrait sans doute pas nous étonner. On sait que, à compter des années 1960, les rebelles et les contestataires ont eu tendance à idéaliser les chasseurs-cueilleurs ; il se trouve que les poètes, anarchistes et autres doux rêveurs des générations précédentes en faisaient autant avec les sociétés du Néolithique.
Ils les fantasmaient comme des théocraties bienfaisantes sur lesquelles régnaient des prêtresses de la déesse mère — une lointaine ancêtre toute-puissante d’Inanna (Ishtar), d’Astarté ou même de Déméter. Du moins en avait-il été ainsi jusqu’à leur invasion par des cavaliers brutaux descendus des steppes, qui parlaient des langues indo-européennes et chérissaient les valeurs patriarcales (dans le cas du Moyen-Orient, il s’agissait de nomades du désert locuteurs de langues sémites). Au tournant du XXe siècle, les interprétations différenciées de cette confrontation imaginaire devinrent une source majeure de divisions politiques.
Pour avoir un petit aperçu de la chose, présentons Matilda Joslyn Gage (1826-1898), considérée de son vivant comme l’une des plus importantes figures féministes d’Amérique. Très critique de la religion chrétienne, Gage était séduite par le “matriarcat” des Haudenosaunees [Iroquois], dans lequel elle voyait l’une des rares survivances de l’organisation sociale néolithique. Fervente défenseure des droits indigènes, elle devint même membre du Conseil des matrones des Iroquois. (Les dernières années de son existence se passèrent auprès de son gendre dévoué, Lyman Frank Baum, auteur de la série de romans sur le pays d’Oz — romans dans lesquels, comme l’ont noté de nombreux commentateurs, on croise quantité de reines, de “bonnes sorcières” et de princesses, mais pas une seule figure légitime d’autorité masculine.) Dans son livre de 1893 Woman, Church, and State (La femme, l’Église et l’État), Gage postulait l’existence d’une forme de société primitive universelle “appelée matriarcat, ou gouvernement des mères”, dans laquelle les institutions politiques et religieuses étaient calquées sur la relation mère-enfant au sein du foyer.
„ein wahnsinniges gefühl“ |
Une autre personnalité intéressante sur la question est l’Autrichien Otto Gross, l’un des deux étudiants préférés de Sigmund Freud. Installé à Munich à la veille de la Première Guerre mondiale, Gross fréquenta les cercles anarchistes et développa une théorie selon laquelle le surmoi n’était autre que le patriarcat. Il fallait le détruire pour libérer l’inconscient collectif matriarcal et bienveillant, qu’il voyait comme un vestige caché, mais toujours vivant, du Néolithique. (C’est ce à quoi lui-même s’employa, essentiellement par la voie de la toxicomanie et de la sexualité polyamoureuse. Gross est aujourd’hui surtout connu pour l’influence qu’il a exercée sur l’autre chouchou de Freud, Carl Jung, qui a conservé son concept d’inconscient collectif, mais rejeté ses conclusions politiques.) De leur côté, dans l’entre-deux-guerres, les nazis reprirent l’idée des invasions “aryennes”, mais du point de vue exactement opposé, ces envahisseurs imaginaires devenant les ancêtres de leur propre race de seigneurs.
Toutes ces lectures — évidemment fantaisistes — de la préhistoire ont été tellement politisées que le sujet du matriarcat primitif est devenu pour les générations suivantes une sorte d’épine dans le pied, pour ne pas dire une zone de recherche interdite. Pourtant, lorsqu’on constate l’extraordinaire acharnement à éradiquer cette théorie, on ne peut se défaire de l’impression que quelque chose d’autre est en jeu. Car les efforts déployés ont été bien plus systématiques que si on l’avait simplement jugée exagérée ou dépassée. Dans le champ de la recherche contemporaine, croire en l’existence d’un matriarcat primitif est devenu un délit intellectuel presque aussi grave que de promouvoir le racisme scientifique. D’ailleurs, tous ceux qui défendaient cette idée ont été oblitérés de l’histoire de leur discipline : Gage a disparu de l’histoire du féminisme, et Gross de celle de la psychologie (alors même qu’il est l’inventeur du concept d’introversion/extraversion et qu’il a étroitement collaboré avec des figures aussi hétéroclites que Franz Kafka, Max Weber ou les dadaïstes berlinois).
C’est curieux. En un siècle, les choses auraient dû avoir le temps de se tasser. Pourquoi cette question reste-t-elle entourée d’un tel tabou ?
Une raison majeure tient au rejet violent dont a fait l’objet dans la dernière décennie du XXe siècle l’héritage théorique d’une archéologue lituano-américaine nommée Marija Gimbutas. Dans les années 1960 et 1970, Gimbutas était une sommité sur le sujet de la préhistoire tardive d’Europe de l’Est. Aujourd’hui, on la représente souvent comme une excentrique — de même qu’Otto Gross est vu comme un rebelle de la psychiatrie — et on lui reproche d’avoir cherché à faire revivre sous des dehors modernes les mythes victoriens les plus ridicules. Le problème n’est pas uniquement que ces accusations sont fausses (il faut dire que l’immense majorité de ses détracteurs n’ont visiblement jamais lu un seul de ses travaux), C’est qu’elles ont créé un contexte académique dans lequel il est devenu incroyablement compliqué d’explorer l’enracinement des rapports de hiérarchie et d’exploitation dans la sphère domestique — à moins de vouloir en revenir à Rousseau et à la vision simpliste faisant de l’agriculture sédentarisée la cause plus ou moins mécanique de la prise de pouvoir des maris sur les femmes et des pères sur les enfants.
En réalité, comme on s’en rend compte en lisant ses ouvrages — par exemple The Goddesses and Gods of Old Europe (Dieux et désses de la vieille Europe), paru en 1982 —, Gimbutas tentait de faire quelque chose que seuls ses collègues masculins avaient eu le droit de faire jusqu’alors : écrire le grand récit des origines de la civilisation eurasiatique. En s’appuyant sur les aires culturelles que nous avons décrites […], elle confirmait sur certains points (mais certainement pas tous) la thèse victorienne archaïque selon laquelle les peuples de cultivateurs avaient vénéré des déesses jusqu’à l’apparition des envahisseurs aryens.
L’objectif premier de Gimbutas était de dessiner les contours de cette tradition culturelle du Néolithique qu’elle nommait “vieille Europe” et dont elle situait la période d’existence entre 7000 et 3500 avant notre ère — encore un laps de temps non négligeable. Dans ce monde de villages sédentaires centré sur les Balkans et la Méditerranée orientale (même s’il s’étendait aussi plus au nord), Gimbutas imaginait des hommes et des femmes valorisés à égalité, et des écarts de richesse et de statut maintenus au plus bas. Elle estimait que ces sociétés étaient intrinsèquement pacifiques et vénéraient un panthéon commun placé sous l’égide d’une déesse suprême. Le culte voué à cette dernière était attesté par les centaines de statuettes féminines (dont certaines représentées avec des masques) retrouvées dans des sites néolithiques du Moyen-Orient aux Balkans[1].
Dans le récit de Gimbutas, la “vieille Europe” avait connu une fin tragique au IIIe millénaire avant J.-C., avec l’invasion des Balkans par des peuples de pasteurs venus de la steppe pontique, au nord de la mer Noire. C’est ce qu’on appelle l’“hypothèse kourgane”, en référence à la caractéristique archéologique la plus reconnaissable de ces groupes. Les kourganes étaient les tumuli de terre qui recouvraient les tombes des guerriers (des hommes pour la plupart). Non seulement leurs corps étaient entourés d’armes et d’objets décoratifs en or, mais les inhumations impliquaient de grandioses sacrifices d’animaux, voire de “domestiques” humains. En cela, les nouveaux arrivants tranchaient nettement avec la philosophie communautariste de la vieille Europe : ils étaient aristocratiques, androcratiques (c’est-à-dire patriarcaux) et extrêmement belliqueux. Selon Gimbutas, c’était à eux que l’on devait la dispersion vers l’ouest des langues indo-européennes, le développement de sociétés fondées sur la subordination complète des femmes et la création d’une caste dirigeante composée de combattants.
„Ich lief einfach nur noch aus so geil fand ich es“ |
Les similitudes avec les mythes victoriens étaient réelles, mais il y avait aussi des différences cruciales. Si la vieille version, imprégnée d’anthropologie évolutionniste, imaginait le matriarcat comme la condition humaine originelle, c’était uniquement parce qu’on pensait que nos ancêtres n’avaient pas encore saisi le principe physiologique de la paternité et croyaient que les femmes faisaient les bébés toutes seules. Cela sous-entendait évidemment que les chasseurs-cueilleurs plus anciens devaient être tout aussi matrilinéaires et matriarcaux que les premiers cultivateurs, voire plus — de fait, c’est ce que beaucoup affirmaient d’entrée de jeu, sans l’ombre d’une preuve. Gimbutas ne proposait rien de tel : elle défendait seulement la thèse de l’autonomie des femmes et de leur primauté rituelle au sein des sociétés néolithiques du Moyen-Orient et d’Europe.
Mais ses idées lui échappèrent. À l’orée des années 1990, elles étaient déjà brandies par une flopée de mouvements sociaux, des écoféministes aux religions new age, et avaient inspiré une kyrielle d’ouvrages grand public où la philosophie côtoyait le ridicule. Ce faisant, elles s’étaient retrouvées mêlées à quelques-unes des vieilles théories victoriennes les plus extrêmes. De nombreux archéologues et historiens en conclurent que Gimbutas brouillait dangereusement les lignes entre recherche scientifique et littérature populaire, et on l’accusa bientôt de tous les péchés imaginables : elle sélectionnait les preuves qui l’arrangeaient, n’était pas au fait des derniers progrès méthodologiques, était coupable de “sexisme inversé”, se laissait aller à fabriquer des mythes… Elle eut même droit à l’affront suprême : la psychanalyse publique. Plusieurs grandes revues spécialisées publièrent des articles expliquant que ses théories sur le remplacement de la vieille Europe n’étaient que des projections fantasmagoriques de sa propre tumultueuse existence (au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Gimbutas avait fui son pays natal, la Lituanie, passée sous le joug soviétique).
Si la disparition de Marija Gimbutas en 1994 lui a épargné d’assister à ce déchaînement, ce qui est sans doute heureux, elle l’a aussi privée de droit de réponse. Certaines des critiques qui lui étaient adressées — peut-être même la plupart — avaient un fond de vérité, bien que l’on puisse probablement les formuler à l’encontre de n’importe quel archéologue qui tenterait de développer une théorie historique de cette envergure. Indéniablement, elle avait créé des mythes au fil de sa démonstration (ce qui pourrait expliquer que ses travaux aient été démolis en bloc par la communauté des chercheurs). Mais les savants de sexe masculin en font autant, plus souvent qu’à leur tour, et ils en retirent généralement moins des remontrances que des distinctions, que ce soit sous la forme de prestigieux prix littéraires ou de cycles de conférences nommés en leur honneur. Gimbutas, dans une visée subversive tout à fait calculée, eut l’audace de s’essayer à un exercice qui avait toujours été dominé par des auteurs masculins (et qui l’est encore : nous en sommes la preuve). Elle n’y gagna aucun prix littéraire, ni même d’être admise dans le cercle des vénérables précurseurs de la discipline archéologique, mais au contraire une diffamation posthume quasi unanime, quand ce n’était pas (pire encore) un mépris dédaigneux.
Du moins était-ce vrai jusqu’à une date récente.
Ces dernières années en effet, une technologie qui n’était pas disponible de son vivant, l’analyse d’ADN ancien, a conduit plusieurs archéologues réputés à valider une bonne part de son récit avec un degré raisonnable de certitude. S’ils se révélaient exacts ne serait-ce que dans leurs grandes lignes, ces nouveaux arguments fondés sur la génétique des populations confirmeraient le scénario d’une expansion de peuples de pasteurs depuis les prairies du nord de la mer Noire à l’époque où Gimbutas l’envisageait, à savoir le IIIe millénaire. Certains chercheurs vont jusqu’à reprendre son hypothèse selon laquelle des migrations massives parties de la steppe eurasiatique auraient entraîné des remplacements de population, voire peut-être la diffusion des langues indo-européennes à travers une vaste portion de l’Europe centrale. D’autres se montrent plus prudents. En tout cas, après des décennies sous le boisseau, le sujet est de nouveau sur la table — et, avec lui, les travaux de Gimbutas[2].
„den Rest schaust du dir, wenn du magst selber an“ |
Quid maintenant de l’autre moitié de sa thèse, qui postulait une quasi-absence des classes et des hiérarchies dans les premières sociétés du Néolithique ? Avant d’aborder la question, nous devons rectifier quelques idées fausses. Gimbutas n’a jamais affirmé catégoriquement qu’il avait existé des matriarcats néolithiques. En fait, le terme “matriarcat” lui-même semble revêtir des significations différentes selon les auteurs. Si l’on entend désigner par là des sociétés dans lesquelles les femmes détiennent la majorité des fonctions politiques officielles, il est indéniable que les exemples sont excessivement rares dans l’histoire de l’humanité. De nombreuses femmes ont exercé un pouvoir exécutif réel, mené des armées ou rédigé des lois, mais on trouve très peu de sociétés - peut-être aucune - où ces prérogatives étaient réservées à des femmes. Même des souveraines aussi puissantes qu’Élisabeth Ire d’Angleterre, l’impératrice douairière de Chine ou Ranavalona Ire de Madagascar ne recrutaient pas leurs premiers conseillers, commandants, juges ou fonctionnaires prioritairement parmi des femmes.
Un système où le pouvoir politique est aux mains des femmes serait mieux nommé “gynarchie” ou “gynocratie”. “Matriarcat” renvoie à autre chose. C’est assez logique : son pendant masculin, patriarcati, désigne moins le monopole des hommes sur les fonctions publiques que l’autorité des patriarches (ou chefs de famille), faisan office à la fois de modèle symbolique et de base économique du pouvoir masculin dans d’autres sphères de la vie sociale. De la même façon, “matriarcat” pourrait décrire une situation où le rôle joué par les mères au sein du foyer forme le socle de l’autorité féminine dans d’autres domaines (sans que cela implique nécessairement une domination de type violent ou ostracisant) et où les femmes, en dernière analyse, exercent l’essentiel du pouvoir au quotidien.
Ainsi définis, les matriarcats sont une réalité. D’ailleurs, le régime dans lequel vivait Kandiaronk [philosophe et chef politique wendat c'est-à-dire huron] en était un. À son époque, les villages des Wendats et d’autres peuples de langues iroquoiennes étaient composés de “maisons longues” abritant cinq ou six familles.
Chacun de ces foyers était régi par un comité de femmes (il n’en existait aucun équivalent masculin) qui contrôlait l’ensemble des réserves essentielles (vêtements, outils, nourriture). La sphère politique où évoluait Kandiaronk était peut-être la seule qui ne fût pas dominée par des femmes — encore que l’on y trouvât des comités féminins qui disposaient d’un droit de veto sur toutes les décisions prises par leurs homologues masculins. En ce sens, des nations pueblos comme les Hopis et les Zuñis pourraient aussi être vues comme des matriarcats, de même que les Minangkabaus, un peuple musulman de Sumatra qui se définit comme matriarcal pour des raisons similaires[3].
Il est vrai que les organisations de ce type restent exceptionnelles, du moins dans les archives ethnographiques — qui, rappelons-le, couvrent les deux cents dernières années tout au plus. Mais dès lors que la possibilité de leur existence est prouvée, il ne paraît pas particulièrement absurde d’envisager qu’elles aient pu être plus fréquentes au Néolithique. Du même coup, la quête de Marija Gimbutas, partie sur leurs traces, ne paraît plus si fantaisiste ni irréfléchie. C’est comme pour n’importe quelle hypothèse : ce qui compte, c’est de comparer les preuves.
1. Des études plus récentes ont souligné que les travaux de Gmbutas avaient tendance à exagérer la fréquence des formes féminines dans les collections de figurines du Néolithique. À y regarder de plus près, en effet, ces collections présentent un relatif équilibre entre des formes clairement féminines, des formes clairement masculines et des formes mixtes ou simplement asexuées.
2.. Peu de temps après la publication de ces résultats, l’éminent préhistorien Colin Renfrew donna à l’université de Chicago une conférence intitulée “Marija Rediviva: DNA and Indo-European Origins” (Marija ressuscitée: l’ADN et les oe unes indo-curopéennes). Il y affirmait que l’hypothèse kourgane de Gimbutas avait trouvé “une magistrale justification” après la mise au jour d’ADN anciens suggérant une relation entre la diffusion des langues indo-européennes et la propagation vers l’ouest de la culture Yamna, née au nord de la mer Noire, à la fin du IVe et au début du Ille millénaire. Il est intéressant de noter que ces découvertes contredisent l’hypothèse de Renfrew lui-même (1987) selon laquelle les langues indo-européennes seraient apparues dans la région anatolienne et se seraient répandues en même temps que les cultures agraires du Néolithique quelques millénaires plus tôt. Certains archéologues estiment toutefois que les données génétiques sont encore trop imprécises pour permettre de parler de migrations à grande échelle, et plus encore pour relier héritage biologique, culture matérielle et diffusion linguistique.
3. Dans Women at the Center (2002), Peggy Sanday rappelle que Marija Gimburas rejetait le terme “matriarcat”, qui lui paraissait être le reflet inversé de “patriarcat” et, à ce titre, impliquer un pouvoir autocratique ou une domination politique des femmes Elle préférait employer l’adjectif “matriciel”. Sanday souligne que les Minangkabaus utilisent quant à eux le terme anglais matriarchate -— un autre mot pour “matriarcat” —, mais dans un sens différent.