taille originale : 27 x 36 cm |
« Un fameux épisode que l'on rencontre aux deux première tablettes de l'Épopée de Gilgamesh renchérit encore sur une telle conviction. On nous y explique comment Enkidu, l'homme sauvage de la steppe, hirsute et barbare, familier des seuls animaux et menant parmi eux une existence analogue à la leur, est devenu un homme, au sens plein de ce mot (awilu) : un homme civilisé, un homme de la ville, qui mange du pain, boit de la bière, soigne et habille son corps. Cette transformation est l'œuvre d'une courtisane d'Uruk, venue le trouver dans sa steppe et qui l'a initié à l'amour : non point le simple accouplement avec une femelle, mais l'amour avec une vraie femme, l'amour humain et raffiné — l'amour libre. Une fois qu'il l'a connu, et qu'il y a pris goût, Enkidu ne peut que suivre en ville son initiatrice, laquelle lui apprend à manger, à boire, à s'habiller, et parachève ainsi sa transformation. Voilà donc l'amour libre présenté comme la porte d'entrée dans la vie cultivée et véritablement humaine : il était difficile d'en mieux marquer et accuser la dignité et l'importance.»